L’Heure pour la Terre : une heure aussi pour soi?

Bougie (pour l'Heure pour la Terre)

L’Heure pour la Terre, tous les médias en ont parlé; il s’agit de montrer son soutien contre les changements climatiques en posant un geste simple et symbolique : éteindre l’éclairage électrique pendant une heure. Demain samedi 27 mars, particuliers et collectivités sont donc invités à couper leurs lumières entre 20 h 30 et 21 h 30.

Je doute que s’éclairer aux chandelles ou à l’huile de colza — et a fortiori au pétrole ou à l’huile de baleine — soit une solution écologique.

J’y vois plutôt une invitation à réfléchir sur toutes ces dépenses énergétiques censées nous apporter du confort, mais qui ne nous rendent pas plus heureux — au contraire. On blâme les climatiseurs installés aux fenêtres, pourtant de nombreuses personnes ne supportent pas la chaleur estivale : oui les climatiseurs consomment de l’énergie, mais c’est justifié. En revanche, les trois couches d’emballage des gâteaux Igor, l’essence brûlée par les véhicules exclusivement urbains, tout comme les rangées de tubes fluorescents allumés toute la journée dans les édifices ou les autobus (puisqu’on parle de lumière) : quel en est l’avantage? Les gâteaux seraient plus vite ouverts avec un seul plastique, les taxis feraient des économies en roulant à l’électricité, et nos soirées seraient bien plus relaxantes si on les passait sous une lumière tamisée après avoir profité d’un éclairage véritablement naturel durant le jour.

Demain, éteignez vos lampes et courez compter les étoiles filantes!

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Allumoirs d’antan (par Papoum)

Voici le billet de Papoum, notre contributeur d’aujourd’hui et collectionneur passionné!

À alcool

Ces allumoirs très simples, sans molettes de réglage de mèches,étaient vendus relativement peu chers. Certains modèles étaient placés au bout de perches pour allumer cierges ou lustres. D’autres, comme décrits dans la publicité ci-dessus possédaient un embout (la clé) pour ouvrir et refermer le robinet de gaz des éclairages publics.

À Essence

À essence et à mèche

Ces allumoirs étaient aussi fixés au bout d’une perche. Souvent sur cette même perche, au dos de l’allumoir, était fixé un petit cône en laiton qui servait d’éteignoir.

À essence et électriques

Cet allumoir utilise une pile bouteille au bichromate de zinc L’électricité produite par cette pile faisait rougir une petite résistance en platine qui à son tour allumait la mèche d’un petit réservoir d’essence. La pile bouteille était à demi remplie d’un électrolyte d’acide sulfurique et de bichromate de potassium. Lorsqu’on appuyait sur la tige on faisait descendre une plaque de zinc (anode) qui se trouvait entre deux plaques de charbons (cathode). Lorsque la plaque de zinc touchait la solution de bichromate, la pile produisait un courant suffisant pour faire rougir la résistance et allumer le briquet.

Un autre allumoir électrique en bakélite, des années 1930, branché sur le secteur (110 V). Lorsque l’on touchait les deux petites lamelles placées dans l’encoche avec le bout métallique, porte-mèche du réservoir, cela mettait en fonction un petit vibreur (on voit le ressort de rappel), portant en son extrémité une rondelle en laiton, qui venant frapper une autre pièce métallique fixe, produisant des étincelles qui allumaient la mèche.

Ces modèles d’allumoir, qui étaient aussi branchés sur le secteur, ont été déclinés en plusieurs dizaines de marques et de formes. On retire « l’allumette » du réservoir d’essence et c’est en la frottant sur les deux peignes métalliques du support, que les étincelles produites, allument la mèche (sur le modèle de droite, entre les deux bornes de branchement du secteur, on aperçoit la « vignette » soudée sur le boîtier).

Sur ce modèle, que l’on trouvait dans les bars et les hôtels, et qui était construit autour d’une lampe pigeon, en tournant le bouton en bakélite, le bouchon se relevait et dégageait la mèche de la lampe tandis que le petit pinceau métallique venait toucher le bec de la lampe et créait suffisamment d’étincelles pour allumer l’essence.

Sur ce modèle mécanique il suffisait de baisser le petit levier ce qui tendait un ressort et lorsque on le relâchait le ressort faisait tourner la molette qui produisait des étincelles qui allumaient le briquet.

À vapeurs d’essence

La mèche intérieure va du réservoir jusqu’en haut du gros tube. Avec une flamme, on réchauffe le tube supérieur, l’essence contenue dans la mèche se vaporise et le gaz sort par le petit tube terminé par un trou calibré. La flamme doit lécher le tube qui enveloppe la mèche afin que sa chaleur permette à la gazéification de se poursuivre.

Taxe décret de 1871

À partir du 4 septembre 1871 la taxe sur les allumettes était étendue au briquets et allumoirs de toutes sortes. Une vignette métallique devait être soudée de façon visible sur tous ces objets. Cet impôt ne fut abrogé que le 31 décembre 1945.

Sources :
• Tarif T.C.D et Cie
• Magazine Ça m’intéresse n° 279 mai 2004
• Photos M. Laurens

Des leds pour éclairer les rues

Lampadaire à vapeur de mercure

Une étude américaine initiée par la ville de Pittsburgh a montré que les leds et les lampes à induction étaient une solution économique et écologique pour l’éclairage urbain. Les leds, vous les connaissez : ce sont ces toutes petites « ampoules » qu’on commence à voir partout (en fait un semi-conducteur, c’est-à-dire un composant électronique, capable d’émettre de la lumière); les ampoules à induction utilisent la fluorescence sur le même principe que les tubes fluorescents (« tubes néon »)  ou les fluocompactes, à ceci près que la source d’énergie est un champ magnétique et non un arc électrique.

Ces sources sont plus coûteuses à fabriquer et leur impact sur l’environnement est plus grand — surtout s’il s’agit de refaire toute l’installation —, toutefois l’étude montre que la stratégie est payante à long terme puisqu’on économise sur la consommation électrique et le taux de remplacement des lampes.

C’est évidemment une bonne nouvelle pour les citoyens et la planète. Mais on oublie ceci : la lumière des leds et des lampes à induction est aussi bien plus belle que celle des lampadaires qu’elle remplace. Le rendu des couleurs est très bon voire excellent, la lumière apparaît neutre ou chaude (notamment avec l’induction). La teinte orange artificielle des lampes au sodium qu’on voit partout disparaîtra en même temps que celle, cadavérique, des lampes à mercure (image ci-dessus).

Le dehors sera donc aussi joliment éclairé que le dedans, augmentant ainsi la convivialité et l’impression de sécurité. Pittsburgh se targue d’être la ville la plus agréable à vivre des États-Unis : chouette!

Pour en savoir plus :
» Des Led dans la ville, le meilleur choix pour l’éclairage urbain (sur Futura-Sciences)
» A Bright, Green Idea for Pittsburgh (PDF, communiqué de la ville de Pittsburgh)

Boire ou conduire son char à bœufs, nul besoin de choisir

Avant l’automobile et bien avant Facebook, les paysans allaient faire des affaires — vendre et acheter divers marchandises ou animaux — dans les foires des villes avoisinantes. Point de camion ni de tracteur donc : ils y allaient en chariot à bœufs.

La ville était loin et ils devaient rentrer de nuit; ils avaient alors l’obligation de signaler leur chariot à l’aide d’une lanterne sous peine d’amende de la maréchaussée. Seulement voilà, ils avaient oublié leur lanterne à la ferme! Que faire?

Ils allaient donc à l’auberge acheter une bouteille du vin, qu’ils vidaient dans leur gosier plutôt que par terre (pour pas gâcher) : cassée à la base et retournée avec une chandelle fichée dans le goulot, voilà une parfaite lanterne de remplacement! Hips!


Annecdote tirée de Ces objets qui nous habitent de Daniel Crozes, éditions du Rouergue, 1999.

1910-2010 : le client a toujours raison (de ne rien y comprendre)

En allant acheter une simple ampoule dans ton magasin de bricolage préféré, ne t’es-tu pas déjà senti(e) plus désemparé(e) que devant les couches pour bébé? Et n’as-tu pas vu toutes ces petites mamies perdues devant ce mur de formes et couleurs variées, aux étiquetages complexes?

Allons par exemple sur la page Ampoules fluorescentes compactes de Canadian Tire :

Catalogue en ligne Canadian Tire

C’est long, hein?
Et je t’épargne la deuxième page…

On se dit donc qu’il y a 100 ans, c’était tellement plus facile : un bec de gaz ou une bougie, that’s it.

Comment c’était dans le temps?

Considérons l’éclairage typique des appartements urbains en 1900 : le bec de gaz. Chaque bec demandait un manchon (toile qui brillait d’un vif éclat dans la flamme), un brûleur de type Bunsen (comme dans les cours de chimie) et un verre (pour améliorer le tirage). Ça s’appelait un bec Auer et ça donnait ça :

A priori, rien de bien compliqué là-dedans.

Pourtant prenons un catalogue de luminaires à gaz du début du XXe siècle; prenons-en un qui soit simple, et concentrons-nous sur les becs droits (il existait aussi des becs « renversés » en forme de petite ampoule). Après quelques pages introductives, nous arrivons aux manchons :

Neuf sortes de manchons

… qui se déclinent en cinq qualités :

Cinq qualités de manchon

Passons maintenant aux becs :

Divers types de becs Auer

… Et aux verres :

Plus de quarante choix de verres

Bon : pour ta cuisine, quel bec prendrais-tu?

Admettons que tu choisisses celui du milieu, quel manchon mettrais-tu dessus? et quelle qualité de tissage? Et surtout : quel verre? un tout droit, un long ou un court, un avec des trous?… Pas facile, n’est-ce pas?

Et ça, c’est pour l’éclairage à l’incandescence au gaz de ville : je ne parle ni des becs à flamme libre, ni des autres sources de lumière telles que l’acétylène, le pétrole, l’essence, l’alcool, l’électricité (en 1910, déjà de nombreux choix de filaments à carbone et métalliques), etc.

Moralité

Aujourd’hui comme hier, bien s’éclairer n’est pas facile : plus le consommateur a le choix, plus il est perdu. Devrait-on pour autant revenir à l’antique chandelle? Évidemment non : à défaut d’exiger des consommateurs qu’ils soient spécialistes, on devrait exiger des spécialistes qu’ils pensent aux consommateurs. Les fabricants devraient s’astreindre à offrir deux voire trois niveaux de qualité d’ampoules (une qualité « pour le garage » et l’autre « pour la maison ») et à rationaliser les formes en fonction des besoins (quelques modèles de base fonctionnels, les autres étant simplement décoratifs et aussi efficaces que les premiers).

Ainsi, notre petite mamie serait bien éclairée!


Sources :
• catalogue en ligne Canadian Tire, mars 2010;
catalogue de la  Société générale d’incandescence, Paris (non daté);
• photo de bec Auer (bec intensif) : Cavannus.

 

Un film plein d’ampoules : la Cité de l’ombre

À l’heure du retrait progressif des ampoules « classiques », voici un film qui les met à l’honneur : la Cité de l’ombre (City of Ember).

La Cité de l'ombre - City of Ember

Film américain réalisé en 2007 par Gil Kenan
Sortie sur les écrans : fin 2008
Avec Bill Murray, Tim Robbins, Saoirse Ronan, Harry Treadaway
Voir la fiche sur Allô Ciné »

L’histoire en quelques mots

Pour sauver l’humanité
On bâtit une ville souterraine
Faite pour durer pendant 200 ans…

Mais voilà, les 200 ans sont écoulés : le générateur qui alimente les millions d’ampoules nécessaires à la vie de la cité d’Ember est quasiment hors d’usage et les pannes de courant sont de plus en plus fréquentes. Quitter Ember est tout simplement inimaginable; pourtant deux adolescents devront découvrir le secret de la ville et trouver le moyen de s’en échapper avant que le générateur ne s’arrête définitivement…

Aperçu du film

Le déroulement du film est classique et offre au final assez peu de surprises. En revanche la ville est présentée sous ses multiples facettes (rues, maisons, serres, édifices administratifs, etc.) et le spectateur s’y retrouve parfaitement immergé. On en vient petit à petit à comprendre comment fonctionne Ember, à quoi elle ressemble et quelle en est la culture.

Le film séduit surtout au travers de son ambiance ambrée qui rappelle le génial  Delicatessen de Jeunet & Caro, avec une touche de steampunk plein de rouille et de machinerie lourde. En effet, les habitants vivent en permanence sous un ciel doré de milliers (si ce n’est de millions) d’ampoules à incandescence :

Ciel d'Ember vu de la ville

Ciel d'Ember vu de la ville

… Et toutes ces lumières vues d’en haut :

Ciel d'Ember vu d'en haut

Ciel d'Ember vu d'en haut

(Oups! un quart de la ville vient de s’éteindre suite à une panne du générateur…)

On retrouve les lampes puissantes et les tubes fluorescents dans les bâtiments fonctionnels tels que le bureau des messagers ou la salle de contrôle des tuyauteries :

Messagers d'Ember

Salle des machines

Toutes ces ampoules, c’est beau!

L’histoire débutant dans un futur proche, on aurait logiquement pu s’attendre à ce que la cité soit illuminée par quelques lampes puissantes de dernière génération. Eh bien non, point de leds ni de HID : on a plutôt une gigantesque trame d’antiques ampoules à filament de carbone pour éclairer la ville et les maisons. Très peu efficace, mais tellement plus poétique!

Nos bonnes vieilles ampoules (paraît-il polluantes) sont aujourd’hui progressivement remplacées par les ampoules fluocompactes dites « économiques » (paraît-il meilleures pour l’environnement, et pourtant pleines de mercure, de métaux lourds et de plastiques). Les salons quittent petit à petit leur teinte chaude et réconfortante au profit d’une lumière plus froide et moins naturelle, incitant les amateurs d’ambiances feutrées à faire leurs stocks ou à se tourner vers des sources alternatives : lampes halogènes, bougies, etc.

Si un film d’anticipation nous présente un avenir plein de lampes à incandescence, n’est-ce pas l’aveu que celles-ci nous manquent déjà?…